Zéro de Conduite fait partie de mes films favoris car je ne me suis jamais sentie à l’aise à l’école. J’ai eu un parcours scolaire en zone d’éducation prioritaire où l’éducation passait par l’humiliation. Quand on regarde Zéro de conduite, fait en 1933, on constate que peu de choses ont changées. Le proviseur humiliant, le surveillant garde-chiourmes et le professeur pervers sont les portraits crachés des adultes auxquels j’ai eu affaire dans mon collège de banlieue. 

Mais pourquoi ce film me parle-t-il toujours, six ans après la fin de mes années collèges?

Et bien parce que ces trois années à Paris 3 m’ont permis de voir ce qu’il se passe quand les écoliers se révoltent. Cette année scolaire, particulièrement, a été riche en révolte puisque le mouvement des gilets jaunes a été suivi par le mouvement contre la réforme de la retraite, puis du Bac, puis contre la précarité étudiante, et enfin contre la loi LPPR.

Zéro de conduite ne parle pas uniquement d’une rébellion en milieu scolaire, mais de la révolte contre l’arbitraire, l’injustice et l’humiliation de manière plus générale.

C’est en  baignant dans cette vague contestataire que ce film m’est revenu en mémoire lorsqu'il a fallut choisir un film pour l'atelier photographie de Paris 3.

Ma première idée était de prendre mes photos en manifestation mais pas le temps de poser ou de faire de mises en scène avec des plumes en manif’, il faut être furtif! 

Je suis donc retournée aux sources, dans ma petite ville de banlieue. J’ai pris pour modèle des camarades de l'atelier de photographie de Paris 3 ainsi que deux de mes amis. Ces deux amis ont grandis avec moi dans cette ville, ils ont connus les même conditions d’éducation désastreuses que moi, ils se sont rebellés, ils ont manifestés et se sont pris des tirs de LBD et les lacrymos avec moi. 

 

J’ai photographié cette série au polaroid car je voulais expérimenter un autre médium que le numérique.